Bien sûr que les «coups de foudre» ça existe. Quelle question !
Parfois les couples, enfin, les gens, se rencontrent doucement, sont copains, puis amis, puis amoureux, comme si les choses cheminaient tranquillement, doucement. Parfois même on pense qu’on ne tombera jamais amoureux de ce mec/cette fille si nul/nulle, si gros/grosse, si lourd/lourde, si peu doué/douée d’humour voire d’amour. Mais on «tombe en amour», comme disent nos amis canadiens, dans une expression que j’adore et que le titre d’un film («Falling in love») illustre à merveille (comme quoi «tomber amoureux» n’est pas une exception verbale française).
Parfois les choses ne se passent pas comme ça. Oui, parfois elles ne se passent pas du tout, mais prenons le parti où les choses se passent. Donc parfois elles ne se passent pas tranquillement doucement, mais subitement, foudroyamment, tornadement, enfin, d’un coup… de foudre.
Un coup de foudre, d’abord on ne s’y attend pas. Si on s’y attendait, ce ne serait pas un coup de foudre.
Un coup de foudre, ça arrive comme ça :
- brutalement,
- pas le temps de réfléchir,
- pas le temps de voir venir,
- pas le temps de prendre le temps.
Ça tombe du ciel, ou ça monte du sol, c’est selon. Ça arrive comme ça, au détour d’une rue, d’une entrée dans un magasin (j’en reviens au film «Falling in love»), d’une présentation d’ami(e) d’ami(e) d’ami(e), lors d’une soirée où l’on n’avait pas trop envie d’aller mais qu’on y est allé(e) quand même parce qu’on n’avait rien à faire d’autre et puis on ne sait jamais. Le coup de foudre, c’est ce qui nous tombe dessus, ou même dedans, lorsque le hasard nous plonge d’emblée dans les yeux de l’autre, lorsque sans qu’on s’y attende la communication, que dis-je ? La communion s’établit d’un coup, comme ça, sans préavis. Le coup de foudre, c’est lorsque les âmes se rencontrent immédiatement, un moment magique sans explication, sans attente, sans désir aucun, sans prévision, sans rien de ce qui fait habituellement une rencontre entre deux humains, sans convention, sans restriction, le truc qui submerge les personnes sans autre questionnement que… non, sans aucun questionnement.
Alors parfois le coup de
foudre s’annonce, se déclare, se vit. Et se dit. D’une manière
ou d’une autre. Lorsqu’il est réciproque, il se dit souvent,
se montre, s’exprime. Car un coup de foudre réciproque ne peut
pas ne pas s’exprimer. C’est ainsi. Ou s’il ne s’exprime pas, c’est
que les deux partenaires du même coup de foudre sont
fichtrement coincés !
J’aime bien l’idée
du coup de foudre. J’aime bien parce que ça laisse libre cours
au sentiment, à la spontanéité. Peut-être
à l’animalité qui est en chacun de nous. Dans le coup
de foudre, pas d’éducation, pas de savoir-vivre, pas de
méfiance, pas de retenue, pas de réflexion, pas de
valeurs à respecter… uniquement de l’animalité, du
savoir-être, et j’oserais même dire… uniquement de
l’humanité nue, du vrai, du pur, du simple, du
sans-résistance.
Après, il y a ce
que l’on en fait. Le coup de foudre peut être furtif, passager,
léger, autant dans son impossible désir que dans son
impossible correctement social, autant dans son impossible poursuite
que dans l’attachement d’amour dans lequel on est engagé par
ailleurs. Une sorte de communion tranquille même si intense, du
style «j’aurais pu mais non je n’ai pas le droit ou je ne peux
pas». Alors les yeux s’éloignent dans une espèce
de contentement et de regret mêlés mais cependant
tranquille. Mais le coup de foudre peut se dire, s’avouer, se
poursuivre. Alors peut venir la passion (c’est bien, aussi, la
passion), qui peut se transformer en amour ou en haine. Ou simplement
en déception.
S’il fallait voter pour
ou contre, je voterais pour. Pour ce qu’il amène -même
dans un instant furtif- de bonheur indicible. Pour ce qu’il amène
de plaisir immédiat, de contentement d’ego, pour ce qu’il nous
dit de nous-même et de l’aura que l’on peut faire naitre, pour
la satisfaction égoïste d’en «fabriquer» un,
pour le plaisir de sentir son cœur battre la chamade comme il ne le
fait pas souvent. Pour le plaisir. Point.
Et puis je me pose la question du coup de foudre amical. Je ne sais pas trop, là, ce soir, si j’ai vécu de coup de foudre amoureux. Oui, au moins un, quand même ! (et même je dois bien savoir ce que c’est pour en parler avec tant de passion) peut-être même plusieurs. Mais je me souviens d’un beau qui s’est transformé en amour vrai. Mais des coups de foudre d’amitié, oui… plusieurs. Pour ma grande amie Christine. Au premier regard vous sentez que celui-là/celle-là deviendra quelqu’un pour vous. C’est fantastique et merveilleux, ce sentiment-là !
Je crois que le coup de foudre amical existe aussi. Comme le coup de foudre amoureux. Comme même le coup de foudre professionnel. En fait, le coup de foudre, qu’il soit amoureux, amical ou professionnel, est la rencontre immédiate et inconditionnelle d’un autre. Comme si l’on s’était toujours connus, comme si l’autre était déjà là avant même la rencontre. Comme si l’on se trouvait en présence d’un autre soi-même différent pourtant. Pas besoin de se raconter sa vie, pas besoin, comme le chante Bruel, de mettre les cartes sur la table, comme si elles -les cartes- étaient déjà connues… ou qu’on n’en avait rien à faire puisque la rencontre est réelle et qu’on se fiche de l’avant tant c’est le présent qui existe. Peut-être le coup de foudre ça signifie qu’on aime l’autre spontanément. Simplement. Sans même le connaître. Et que cet amour-là est vrai tant il est spontané.
Alors dites-moi… le coup de foudre,vous connaissez ? Vous l’avez vécu ? Coup de foudre heureux ? Coup de foudre sans suite ? Coup de foudre regret ? Coup de foudre destructeur ? Coup de foudre épanouissant ? Transformé ? Falling in love…