L’argent de poche peut se définir comme la somme d’argent disponible pour un enfant/ado -oui, pour les adultes aussi- et dont a priori il peut faire ce qu’il veut.
En général, c’est une somme modique donnée par les parents, de manière régulière -hebdomadaire ou mensuelle-, sans contre-partie, à savoir que l’argent de poche ne se «mérite» ni ne se gagne, mais est versé au titre de l’appartenance à la famille et d’une petite indépendance permettant à l’enfant d’acheter sans demander – On pourrait le comparer à une sorte de RMI familial.
Il y a des familles avec et des familles sans. Des familles pour qui tout argent se mérite et d’autres qui, sans pour autant ne rien exiger de leur enfant, considèrent l’argent de poche comme un élément de la vie économique ordinaire de la famille, mais il semble que ce type de famille soit en nette régression.
C’est souvent une des questions que je pose à un enfant et à ses parents : A-t-il (as-tu ?)de l’argent de poche ? Non, me disent-ils souvent, il a tout ce qu’il veut, ou il suffit qu’il nous demande, ou encore il n’en n’a pas besoin, ou encore oui, en échange de petits services (auquel cas, si je peux me permettre, ce n’est pas de l’argent de poche au sens strict du terme, mais quelque chose qui ressemble à un salaire).
Eh bien je trouve cela dommage.
L’argent de poche -celui que l’on donne sans attente, sans récompense, sans mérite, sans restriction autre qu’éducative, j’allais dire «que l’on donne gratuitement»- porte une multitude de vertus :
- Il permet l’indépendance, une certaine petite indépendance financière.
- Il permet à l’enfant de -se- faire plaisir sans demander à ses parents.
- Il permet de se confronter au désir, à la frustration, à l’attente (si je veux m’acheter ce qui coute 20 euros et que je n’ai que 10 euros par mois, il va falloir gérer mon désir, ma frustration, mon attente… et mon budget), et l’accession éventuelle à l’épargne.
- Il permet de faire plaisir.
- Il permet de se confronter à soi-même, à sa propre personne, lieu et objet du désir.
Aussi loin que je me souvienne, j’ai pour ma part toujours eu de l’argent de poche. Je me rappelle, à 10 ans, glisser ma pièce de 5 francs sur le comptoir de la Caisse d’Epargne (celle de l’écureuil) avec mon livret rouge… mais aussi m’acheter le bonbon ou le pain au chocolat en allant à l’école, avec ce qui était MON argent.
Plus tard, vers 16 ans, grâce à l’argent économisé, j’ai pu m’acheter moi-même la Mobylette dont je rêvais…
Plus tard, devenu parent à mon tour, j’ai toujours donné de l’argent de poche à mes enfants. Ils pouvaient en faire ce qu’ils en voulaient, à deux exceptions près : Interdiction de s’acheter des bonbons, et interdiction d’acheter ce qui pouvait ressembler à une arme (oui, même les armes en plastique (j’expliquerai un jour pourquoi je ne supporte pas les armes)…
Avoir de l’argent de poche permet à l’enfant de passer par dessus l’accord ou le bon-vouloir des parents, c’est il me semble là sa vertu essentielle. Côté parents, il est bien évident que donner de l’argent de poche est offrir de fait une certaine indépendance à l’enfant, et c’est ce qui apparait, outre le fameux
Moi il a fallu que je travaille pour gagner de l’argent
Comme la principale résistance des parents à en donner. Maintenir une éventuelle soumission, et garder le contrôle.
Certaines familles négocient même avec leurs ados le contrat suivant : 100 euros par mois d’argent de poche, mais avec ça tu te paies tout… Cinéma, DVD, fringues, bus, etc… Je trouve cela très intéressant, ça permet encore plus d’indépendance, et davantage de responsabilité chez l’ado. Croyez bien que lorsqu’il paie avec SON argent, il y fait beaucoup plus attention.
Par ailleurs, le véritable argent de poche ne souffre d’aucune condition. Ce n’est pas parce que votre enfant a eu une mauvaise note à son dernier devoir de maths qu’il est légitime de lui «réduire»… Il entrerait (l’argent de poche) alors dans un système d’échange qui lui ferait perdre son statut. (Pour cela (pour « obliger » un enfant à travailler, nous avons d’autres moyens)…
L’argent de poche, vous l’avez compris… Je suis pour.