L’ une des questions à laquelle une personne en deuil doit faire face peut se formuler ainsi :
Si je l’oublie, si je n’y pense plus, si je ne vais pas sur sa tombe, si je ne pleure pas, si…. je continue à vivre, cela signifie-t-il que l’attachement qui nous liait n’était pas important ?
« Perdre » quelqu’un de cher est douloureux. C’est une évidence. Et il serait illusoire en effet de vouloir faire comme si de rien n’était. Accepter la mort d’une personne qu’on aime est difficile, et le chemin est douloureux et délicat qui permet un jour de vivre « comme avant ». Bien souvent même la personne en deuil pense que ce ne sera jamais plus comme avant. Il faut du temps… ce temps dont on dit parfois qu’il ne changera rien. Les sociétés traditionnelles le savaient, qui « obligeaient » à porter le deuil un an, voire trois ans…
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« Faire le deuil », comme on dit, c’est s’engager dans un travail pénible d’acceptation.
Je suis amené parfois à dire à un patient « Ce n’est pas vous qui êtes mort. C’est lui. C’est elle. Vous, vous êtes vivant(e). »
C’est terrible à dire, certainement terrible à entendre. Mais la libération passe par là : Moi je suis vivant. Moi j’ai le droit (le devoir ?) de continuer à vivre.
Et vient alors ce questionnement terrible : « Mais, si je l’oublie ( = si je continue à vivre), ça signifie que je ne l’aimais pas ! »
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Ca me fait penser à ces amoureux « largués » qui, pour bien montrer qu’ils aimaient l’autre, vont s’enfermer dans ce piège de la dépression morbide. Car s’il est un piège, c’est celui-là : Je vais bien lui montrer, par ma souffrance, combien je l’aime.
Pour le deuil, c’est la même chose : Ai-je le droit de sourire, de rire, de vivre, d’aimer à nouveau ? Et si oui, je ne devais donc pas l’aimer tant que ça…
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Et je crois que là, on se trompe. Il ne s’agit pas d’oublier. Il ne s’agit jamais d’oublier. Il s’agit de vivre avec. Il s’agit de continuer sa vie à soi.